8. Séptembre 2003 - Echec et mat


J'aurais aimé mieux finir mon périple montagneux mais les éléments et la Pachamama (déesse terre) n'étaient pas d'accord.

J'etais parti pour le Ranrapamlca (6162m) pour sortir la Jaeger ( nicolas jaeger est un français qui a ouvert des dizaines de trucs ici, que des directes monstrueuses et toujours en solo, faire une "jaeger" ça parle tout seul).

La voie avait pas été répétée depuis 3 ans et ça me bottait bien d'aller me la farcir . Mais en approche de C1 une avalanche me passe à 10m : premier avertissement, je continue et une putain de crevasse s'ouvre sous mes pieds je me retrouve en oppo entre les deux parois de la crevasse avec trente mètres dessous.

Au moment où elle s'est ouverte, j'avais compris, "bajo" (je descend)

Sacre putain de frayeur qui a déclenchée une tornade dans ma petite tête, et un gros craquage psychologique, fatigue de flirter avec la mort. Demi tour, les larmes aux yeux, la haine la grosse haine, en plus il ne fait pas beau et j'ai pas encore pu voir la voie mais faut suivre les signes, a dis "l alchimiste" (très beau livre, merci à celui qui me l'a offert...) afin de pouvoir écrire sa "légende personnelle"

 


Les sursauts d'orgueil qui me font me retourner sont vaincus par une partie de mon être fatigué

25 sommets pas un de plus, la Pacchamama et les dieux ont décidé les signes sont plus que parlant. J'aurais pu aller à la normale, mais non je voulais la Jaeger et je l'aurais...Un autre jour

Pas de problèmes même si moralement ça a été dur et quand le moral craque, le physique pêche aussi je ressens la fatigue de mes 25 sommets en solo, découvre le dos brûlé par le sac, des écorchures que je n'avais jamais vues, et puis j'ai froid ça faisait longtemps que je n'avais pas eu froid comme ça : le vent me transperce putain de vent....Puissance de la tête

Du coup je rentre vers Huaraz en prenant mon temps dans cette vallée rarement visitée qui comporte pourtant trois 6000 et de très belle voies.

C'est noté hasta luego, à bientôt pour ceux que je rentre retrouver en France

bises, seb