16. Aout 2003, Andes Hymalayennes


Je reviens de l'enchaînement du Huscaran sud et nord dans des conditions exceptionnelles pour un pays habitué au beau temps en hiver. Conditions qui m'ont fortement rappelées l'Asie notamment le Muztaga Ata. Arrive à C1 après deux jours de marche facile vers 11h pour prendre la neige à 14h.

Le lendemain les deux autres groupes font demi tour, on est à 5200m, moi je décide de sortir mon diplôme de traceur acquis en chine et monte pour C2 à 6000m. Pas de probleme, même pas fatigué, pas mal à la tête, j'ai le temps de monter la tente avant de reprendre la neige. Grosse ambiance sous la tente, je passe mon temps à me demander si elle va tenir sous les assauts du vent et de la neige assez fort à cette altitude.

A deux heures du mat' un oeil dehors: il fait beau pleine lune le pied je pars pour le huscaran sud. Grosse trace parfois jusqu'au genoux suivant les expositions au vent. Je fais une route entre les séracs et les crevasses pour atteindre 6h plus tard le plus haut sommet du Pérou (6770m) bien content, pas froid malgré un vent de fou, pas fatigué, super forme (les topo annonce entre 8 et 12h). Seul regret pas avoir de ski pour profiter de cette peuf!

De retour au C2 recup', un groupe de 6 allemands arrive dans l'après midi avec 5 porteurs et deux guides, ils me remercient pour la trace.

J'ai un peu les boules de leur avoir ouvert la route mais le lendemain justice sera faite car 4 d'entre eux n'iront pas au sommet, incapables de passer une crevasse (3m surplombant, au dessus d'une crevasse de 50m qui m'a coûté un pieu à la descente).

Si eux sont partis à minuit, moi je dors encore jusqu'à deux heures, je dors même carrément bien et à trois heures, je pars pour le Huscaran nord (6655m), 4h10 plus tard sommet j'ai été super rapide malgré le vent et la neige fraîche sur l'arrête summitale d'un km de long (deux éléments qui on masqués fort bien une crevasse vicieuse et je dois mon salut à mon bâton sondeur merci Leki).

 


Là haut le vent est incroyable je peux même pas imaginer boire ou manger car il faudrait retirer les moufles. De plus s'arrêter de marcher, c'est avoir froid donc descente marquée par des putains de jump au dessus des crevasses pour s'enterrer à l'arrivée dans la peuf jusqu'à la taille bien marrant. Moins marrant la perte d'un crampon dans le dernier mur de neige très dure (le vent aillant enlevé toute la fraîche à cet endroit) et pour une fois une crevasse s'est rendu utile puisqu'elle a arrêté mon crampon que je regardait tom ber sans rien pouvoir faire.

Apres un grand merci à cette crevasse, j'ai pu finir cette pente de neige (60 degrés sur un crampon cela n'aurait pas été drôle) et rejoindre C2 surventé je décide donc de descendre plus bas histoire de soulager ma tente que le vent maltraite. Une tente que j'ai adoré pendant ces quelques jours qui m'ont fait oublier les 1000 francs lâchés pour cet hôtel de luxe, pas de regret sans tente, j'étais mort.

Je redescends donc le même jour à 4700m sur le sec avec de la vraie eau et sans vent. Fatigué mais sans plus, je suis content j'ai vraiment la super forme et même si les voies n'avaient rien d'intéressant techniquement, les caprices du temps ont ajouté un peu de piment à ces deux sommets les plus hauts du Pérou, très belles courses malgré tout et puis le mauvais temps a fait fuir les touristes et m'a permis de faire deux supers nuits à 6000m bien tranquille comme j'aime.

Voila le Huascaran sud, c'était le quatorzième, quatorze le chiffre des amoureux de l'altitude, et le nord le quinzième.

De retour à Huaraz avec au programme gâteau au chocolat, poulet frite....

Bises à tous.

Seb